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« Lorsqu’on se  retourne sur le chemin parcouru ensemble depuis un demi-siècle, au-delà des nombreuses conquêtes et initiatives à mettre à l’actif de notre fédération, ce qui marque nos esprit, c’est l’incroyable transformation de nos titres, de nos métiers et de nos entreprises, opérées sous l’impulsion du numérique », a exposé mercredi, Jean-Christophe RAVEAU, président de la Fédération nationale de la presse d’information spécialisée (FNPS) et président-directeur général de Pyc Média, à l’occasion d’une cérémonie des 50 ans de la FNPS, organisée à l’auditorium de la BnF François Mitterrand.

L’engament de l’État aux côtés de la FNPS s’avère « plus que jamais nécessaire dans la période tourmentée que nous traversons et au regard des nouveaux défis »

« Cette révolution digitale des process et des supports, dans laquelle le papier garde toute sa place, s’est accompagnée d’une très grande professionnalisation de nos pratiques », a-t-il reconnu, citant « une récente enquête BVA » où « nos lecteurs accordent une confiance sans égale à nos titres, puisqu’ils sont 91 % à juger la presse professionnelle crédible, à rebours du mouvement de défiance généralisée envers les médias d’information dans leur ensemble ». « Dans un monde où l’information se consomme à la volée, les éditeurs de la FNPS ont donc su adapter leurs contenus à l’évolution rapide des attentes des lecteurs, tout en préservant leur rôle central : informer, éduquer et parfois même, former. Avec une exigence : celle de la qualité et de l’indépendance », a poursuivi M. RAVEAU, estimant que le public « se tourne vers nos tires pour des contenus qui approfondissent, analysent, et mettent en perspective les enjeux du moment » et que « cette capacité à produire une information de fond nous distingue et renforce notre intérêt pour les démarches de labellisation ».

« Avec 180 millions d’exemplaires diffusés chaque année auprès de 25 millions de lecteurs, la presse d’information professionnelle et spécialisée est en effet souvent la première à décrypter les innovations, à relayer les politiques publiques, à s’emparer des grands sujets de la transformation de nos vies », a défendu le président de la FNPS.

Après ce constat, Jean-Christophe RAVEAU a souhaité rappeler à la ministre de la Culture Rachida DATI, présente à l’événement, que l’engagement de l’État aux côtés de la FNPS s’avérait « plus que jamais nécessaire dans la période tourmentée que nous traversons et au regard des nouveaux défis qui se présentent à nous ».

« La conjoncture économique actuelle particulièrement difficile, qui pèse sur le moral de nos clients et affecte de manière inédite nos recettes, celles de publicité en particulier qui ont chuté de près de 20 % entre le 1er semestre 2019 et le 1er semestre 2024 selon l’IREP », a-t-il donné en exemple, ajoutant que « notre modèle économique, remis en cause par la révolution digitale est toujours instable, malgré le lien d’affinité puissant et singulier que nous entretenons avec nos communautés de métier » et « requiert encore de nombreux investissements et adaptations ». « Plus encore, c’est la révolution de l’écosystème informationnel en général, pour reprendre la formule de Bruno PATINO (ndlr : président du directoire d’Arte et président du comité de pilotage des États généraux de l’information, également présent à l’événement), qui met en danger nos équilibres, en engendrant de nouveaux comportements et en positionnant de nouveaux acteurs, qu’ils s’agissent des grands moteurs de recherche, des réseaux sociaux, des influenceurs et des acteurs de l’IA notamment », a-t-il résumé.

« Nous n’arriverons pas à traiter seuls l’enjeu devenu crucial de la juste répartition, avec les grands acteurs de la tech, de la valeur générée par nos contenus »

Par ailleurs, « alors que des projets de réforme sont en cours d’élaboration », le président de la FNPS a souhaité « attirer l’attention » de Mme DATI « sur plusieurs éléments déterminants pour les adhérents de la FNPS », à savoir trois types principaux de besoins.

Le premier besoin est la stabilité, la transparence et la visibilité. « Alors que les couleurs bruissent de l’imminence d’une remise en cause des accords postaux, nous ne serons pas en mesure de supporter le choc financier d’une modification des tarifs du transport postal de la presse fixés par le protocole d’accord État/Presse/Poste, et ce d’autant plus que la presse professionnelle et spécialisée, qui n’est pas concernée par le portage n’est en rien responsable des échecs de la réforme Giannesini », a lancé M. RAVEAU.

Le deuxième besoin est l’équité. « Alors que le digital a donné naissance à un marché unique de l’information qui ravive la concurrence entre les différentes formes de presse et efface les frontières entre elles, il faut par exemple que chacun prenne sa part à la hauteur des surcoûts qu’il engendre, notamment dans le cadre de la réforme de la vente au numéro confiée à Sébastien SORIANO », a-t-il développé.

Le troisième besoin est le soutien car « nous n’arriverons pas à traiter seuls l’enjeu devenu crucial de la juste répartition, avec les grands acteurs de la tech, de la valeur générée par nos contenus. C’est, sans aucun doute, notre plus grand défi pour demain », a-t-il jugé. « À cette heure, nous devons toujours déplorer l’exclusion, par l’un des géants du net, du bénéfice des droits voisins de plus d’une centaine de nos sites d’information pourtant titulaire d’un numéro de commission paritaire. C’est inadmissible et même si nous sommes déterminés à mener sans relâche ce combat avec DVP, les pouvoirs publics ne peuvent nous laisser seuls mener cette bataille », a-t-il protesté, demandant « de mettre fin à cette situation en faisant de la reconnaissance par la CPPAP la condition suffisante de l’éligibilité aux droits voisins des titres de presse ».

« Avec l’émergence des nouvelles technologies, en particulier les intelligences artificielles capables de traiter, reproduire, et monétiser nos contenus, il devient urgent de garantir, en plus de la transparence des sources, une juste rémunération pour l’usage de nos articles et de nos analyses. Car si l’IA est un formidable levier d’innovation, elle ne doit pas devenir un outil de spoliation du travail éditorial », a soutenu le président de la FNPS.

Pour autant, il s’est également dit « convaincu des opportunités de croissance qu’offre l’IA pour nos entreprises » avec « plusieurs de nos adhérents qui se sont déjà largement emparés de ces outils pour offrir de nouveaux services à leurs lecteurs » qui « donnent aussi l’illustration de la grande capacité d’innovation de notre secteur » et a souligné « l’importance de bénéficier des aides du FSDP pour opérer nos transformations ».

« Les défis qui s’annoncent sont bien d’une ampleur inédite. Et c’est plus que jamais rassemblés et unis au sein de la FNPS que nous aurons les moyens de relever ces défis et de garantir un avenir solide pour la presse d’information professionnelle et spécialisée », a-t-il conclu, réaffirmant que « c’est ensemble, grâce à la confiance que vous accordez à notre fédération, grâce à notre dialogue avec vous Madame la ministre et avec les pouvoirs publics, grâce à notre capacité d’innovation et de transformation, que nous demeurerons une force incontournable, porteuse de connaissance et de savoir, essentielle pour le bon fonctionnement de notre société ».

Source : avec l’aimable autorisation de La Correspondance de la Presse du jeudi 7 novembre 2024