Alors que l’information est partout, les pouvoirs publics s’inquiètent, à travers deux missions, de mouvements de concentration dans les médias traditionnels. Décalage surprenant qui fait fi des multiples canaux d’information et occulte le vrai risque de concentration que fait courir à la diversité et au pluralisme la surpuissance des GAFA.
Auditionnés, nous avons rappelé, outre ce point crucial, que nos multiples titres constituaient une large vitrine de diversité sans laquelle aucun pluralisme n’est possible, avant de souligner que le meilleur rempart contre la concentration et la dépendance, c’était l’attractivité et la rentabilité. Et de pointer deux problématiques qui nous sont chères.
L’éditeur et sa rédaction sont deux alliés indissociables pour élaborer une ligne éditoriale viable sans perdre de vue qu’on ne fait pas de la presse pour soi-même, mais pour ses lecteurs. L’idée de nouveau évoquée de faire des rédactions un îlot surprotégé et indépendant face à un éditeur démuni nous semble inadapté à la presse dont la réussite repose avant tout sur un collectif associant éditeur et auteurs journalistes. Une mesure qui ne manquerait pas d’affaiblir l’attractivité déjà toute relative d’un secteur chahuté.
En termes de rentabilité (et d’attractivité), nous avons pointé les effets dévastateurs de la clause de cession, extrêmement destructrice de valeur et illégitime dans de nombreux cas ; quand elle n’est pas vécue comme une agression alors que déclenchée très tardivement ou donnant lieu à la création d’une concurrence directe. La transformer en une clause de conscience inversée pour laquelle la charge de la preuve reposerait sur l’éditeur doit être envisagé. En l’absence de changement de ligne éditoriale ou d’évolution n’ayant aucune chance d’heurter la conscience professionnelle du journaliste, son honneur et sa considération, la clause ne pourrait être invoquée.
C’est la période des vœux. Nul ne nous empêche d’en faire dans la seule perspective d’être plus rentables et donc plus libres de mener à bien notre mission d’informer. En vous souhaitant le meilleur pour cette nouvelle année pendant laquelle la FNPS sera, encore et toujours, à vos côtés.
Laurent Bérard-Quélin, Président