Il vaut mieux ne pas être « publiphile » pour suivre les débats entamés à l’Assemblée Nationale dans le cadre de l’examen du projet de loi « Climat et Résilience » inspiré des conclusions de la « Convention citoyenne pour le Climat », dont les résultats s’apparentent à un redoutable concours Lépine sur le thème « plus publiphobe que moi, tu meurs ».
Comme il faut bien rire un peu en ces temps de morosité sanitaire, relevons quelques perles dont se montrent capables certains représentants de la souveraineté nationale : du paternaliste « vous ne pouvez nous conter des légendes sur la liberté des citoyens à choisir une alimentation saine », à « si on ne peut pas interdire la production de produits, pourquoi ne pas interdire leur publicité » qui a le mérite de l’honnêteté mais cache mal le manque de courage à affronter les conséquences économiques et sociales de décisions que les Gilets Jaunes auraient vite fait de contester sans diplomatie.
Il n’est que temps de rappeler à la minorité parlementaire atteinte de publiphobie aigue qu’un monde sans publicité, autre que les tracts électoraux (dans ce débat, personne n’a curieusement proposé de les interdire), ressemblerait fort à la plus sinistre période de l’histoire de la Russie : les 70 ans de stalinisme où étaient absolument bannies tous formes de publicité y compris pour la vodka. Dans le même temps, l’alcoolisme de la population avait augmenté de 120% selon les observations les moins pessimistes.
Mais le plus important est de souligner que la publicité finance une partie très importante de l’information journalistique, celle-là même qui permet de porter à la connaissance des citoyens l’importance de prendre en considération dans leur vie personnelle et professionnelle les enjeux climatiques. Cette presse qui accompagne et promeut bien souvent les nouveaux modes de consommation, de fabrication et d’innovation. Ces journalistes qui mettent en valeur les initiatives les plus responsables.
Et de souligner que si les produits demeurent, les annonceurs aussi. Interdits de publicité dans nos pages et sur nos écrans, ils iront ailleurs dépenser leurs budgets de communication. Moteurs de recherche, réseaux sociaux, événements (oui, un jour, ils reviendront !) ou opérations commerciales sur les lieux de ventes bénéficieront de ce report où le consommateur sera abreuvé d’arguments sans qu’aucun d’entre eux ne soit expliqué et challengé simultanément sur la page d’après ou dans la parution suivante.
Au lieu d’interdire pour interdire, ne vaut-il pas mieux utiliser cet objet de communication pour mieux informer ? Tout d’abord en permettant à la publicité de continuer à financer les médias et, d’autre part, en renforçant l’information de l’acheteur par l’insertion de messages obligatoires au sein même de ces publicités.
Alors, vive la pub mesdames et messieurs les députés, au service d’un « après » responsable parce qu’informé.